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La théorie d’Einstein est-elle une théorie de la relativité ? Francoise Balibar

jeudi 6 octobre 2005
 
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    Le plus célèbre des quatre articles publiés par Albert Einstein en 1905, est sans aucun doute l’article "fondateur" de la relativité restreinte où se trouve écrite en post-scritum la fameuse formule E = mc2.

    Cette théorie de la relativité restreinte a introduit pour la première fois la notion d’espace-temps en étendant aux lois et phénomènes de l’électromagnétisme, le principe de relativité auquel sont soumis les mouvements décrits par la mécanique newtonienne. Etroitement liée à la physique des particules, cette théorie reste encore aujourd’hui fondamentale : parler de physique moderne sans la relativité restreinte est absolument inconcevable.

    Françoise Balibar, professeur émérite à l’Université Paris VII et spécialiste d’Einstein dont elle a publié la traduction des textes et étudié l’apport de la pensée théorique, épistémologique et politique, nous apprend que cette théorie élaborée par Einstein en 1905 ne s’appelait pas "théorie de la relativité" à sa naissance. Son caractère de "théorie de la relativité" est apparu ultérieurement.

    Pour la physicienne et philosophe, ce "retard" est à mettre en relation avec l’histoire des mots "relativité" et "relatif" en tant que notions philosophiques. De fait, à travers ses importantes contributions dans les domaines de l’histoire de la physique et de l’épistémologie, Françoise Balibar affirme l’impossibilité de penser l’histoire de la physique en dehors de celle de la philosophie.

    Dans cette conférence, elle tentera de replacer l’apport d’Einstein dans le contexte de la fin du XIXème siècle, traçant l’histoire de ces concepts et décrivant la manière dont ces termes étaient entendus au début du XXème siècle dans les traditions allemande, française, anglaise.

    De ce point de vue, explique-t-elle, Henri Poincaré, mathématicien et physicien français, est un auteur incontournable. En effet, il existe une identité entre l’énoncé de Poincaré sur le principe de relativité qu’il publia en 1904 et celui d’Einstein en 1905. "Cette identité est-elle plus que formelle ? " s’interroge Françoise Balibar. "Autrement dit, les deux énoncés ont-ils le même statut épistémologique ; le mot principe a-t-il la même signification dans les deux cas ?".

    Pour répondre à ces questions, Françoise Balibar se penchera sur les contributions respectives de Poincaré et d’Einstein dans leur contexte intellectuel et théorique.

    "Le mot "relativité" a-t-il pour Poincaré le même sens quand il parle de "la relativité de l’espace" et quand il énonce un "principe de relativité" ? En quels sens les théories produites par Einstein - la théorie de la relativité restreinte en 1905 et, en 1916, la théorie de la relativité générale (à moins qu’il ne faille l’appeler "théorie générale de la relativité") - sont-elles des théories "de la relativité" ?"

    A l’encontre de l’image complaisante du jeune savant venu révolutionner la physique presque malgré elle, ou encore de l’image de "cet imposteur que certains briseurs d’idoles aimeraient faire descendre de son piédestal usurpé", Françoise Balibar soutient que c’est sur la question des "principes", leur définition, leur nécessité et leur force de contrainte que, d’un point de vue épistémologique, l’intervention d’Einstein s’est principalement fait sentir et a été, radicalement, novatrice.

    Cette conférence sera animée par le physicien et cosmologiste belge Edgard Gunzig, invités par deux fois lors des saisons précédentes, pour des conférences qui ont manifestement fait dates et "remué" l’auditoire. Sorte de "Monsieur Loyal" de ce cycle consacré aux théories révolutionnaires d’Einstein, Edgard Gunzig introduira chacune des conférences de ce cycle, récapitulant les exposés et les débats précédents.

    Françoise Balibar est physicienne et philosophe, professeur émérite à l’Université Paris VII-Denis Diderot. Elle a développé une réflexion importante dans les domaines de l’histoire de la physique et de l’épistémologie, en particulier sur l’apport de la pensée théorique, épistémologique et politique d’Albert Einstein dont elle est spécialiste. Ses travaux de physicienne sur la théorie de la relativité et sur la physique quantique, l’ont portée à s’intéresser à la matière et au cristal. Cofondatrice de la collection "Philosophies" aux Presses Universitaires de France, elle a été responsable de l’édition des œuvres choisies d’Albert Einstein en français.

    Bibliographie

    De l’atome au Quark : qu’est-ce que la matière ? (avec J.-M. Lévy-Leblond), Le Pommier, 2005 Einstein : la joie de la pensée, Gallimard, 1993 ; Einstein 1905 De l’éther aux quanta, PUF, 1992 La science du cristal, Le Seuil, 1991 Einstein : Œuvres choisies (dir.), Le Seuil - CNRS Éditions, 1989 Galilée, Newton lus par Einstein, PUF, 1986 CD audio : Einstein (avec T. Damour), De vives voix, collection "Sciences à écouter", 2004