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Sida : au-delà de la découverte d’un nouveau virus ? Bruno Spire

mardi 21 avril 2009
 

Les recherches sur le SIDA (Syndrome d’Immunodéficience Acquise) semblent tout à fait exemplaires puisqu’en seulement deux ans après l’identification des premiers cas le virus responsable est découvert (VIH ou virus de l’Immunodéficience Humaine) et en quinze ans les traitements permettant de sauver des vies sont en place. À l’échelle du temps de la recherche, ces durées sont très courtes. Pourquoi cette « rapidité » ? Les connaissances fondamentales sur le type de virus dont fait partie le virus du SIDA et qu’on appelle rétrovirus (car il fonctionne à l’envers des autres virus connus jusque-là) étaient déjà bien avancées. La recherche fondamentale en virologie avait produit des connaissances qui ont pu immédiatement servir à la recherche appliquée. Cependant si les traitements anti-VIH sont actifs et si grâce à eux, l’espérance et la qualité de vie des personnes séropositives se sont considérablement améliorées ces dernières années, ils ont aussi des effets indésirables, peuvent provoquer des problèmes de santé et les conséquences d’un traitement à long terme restent encore inconnues. Enfin ces traitements ne guérissent pas du SIDA. La recherche doit donc se poursuivre activement.

Par ailleurs, le Sida est aussi une maladie sociétale, car dans de nombreux contextes, les personnes atteintes font l’objet d’exclusion et de stigmatisation qui représentent des freins importants pour la prévention et pour l’accès au dépistage. La transmission du sida par voie sexuelle fait que cette maladie n’est pas perçue comme une maladie chronique comme les autres. Le sida a également permis de mettre en lumière des comportements minoritaires, comme l’homosexualité et l’usage de drogues.

Le SIDA n’est pas uniquement une affaire de scientifiques, c’est aussi l’affaire des économistes et des politiques. En effet, le sida est un miroir des inégalités. L’accès à l’information et au traitement ne sont pas les mêmes pour tous. En 2007, on estimait le nombre de personnes vivant avec le VIH/sida dans le monde à 33 millions dont 67 % en Afrique subsaharienne. À l’échelle mondiale, les femmes représentent la moitié de toutes les infections au VIH et ce pourcentage reste stable depuis plusieurs années. Les traitements anti-VIH ne sont pas accessibles et remboursés par une sécurité sociale dans tous les pays. L’engagement de la société civile dans de nombreux pays a été un moteur important pour le progrès vers l’accès aux soins et à la prévention.

Bruno Spire, Chargé de recherches INSERM, Président de AIDES

A 17h30 à la Bibliothèque Municipale à Vocation Régionale (Alcazar), Salle de Conférence

58 Cours Belsunce

13001 Marseille