N’est-il pas paradoxal de lier deux phénomènes apparemment aussi éloignés ? La relation qui unit mémoire personnelle et fabrication d’une identité est évidente. A la rigueur, on peut admettre le rôle d’une mémoire collective sous la forme de coutumes et de traditions par l’intermédiaire de la famille ou de groupes de proximité. Mais que dire de la mémoire d’un passé national, forcément lointain, extérieur à l’individu, transmise par des institutions qui lui sont au départ étrangères, souvent d’origine étatique et dont il ne perçoit pas l’influence, sinon comme un poids et une contrainte dont il faut se libérer ? « Le présentisme » accentue encore la distance, pour ne pas dire le rejet d’une histoire qui ne semble pas concerner nos contemporains. A partir de ce constat négatif, l’exposé se propose d’examiner à quelle condition, comment et sous quelle forme la mémoire historique contribue à la construction de soi. La mémoire nationale est-elle en effet la seule expression possible de mémoire historique ?
Philippe JOUTARD, Professeur émérite à l’Université de Provence
A 18h30 à la MMSH
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