Judas a été, dès les premiers siècles, au cœur des polémiques entre Chrétiens et Juifs pour resurgir de manière inattendue au tournant des XIX-XXe siècles. Reprenant l’idée élaborée à partir de Freud, selon laquelle les Chrétiens n’ont pas pardonné aux Juifs de leur avoir donné le Dieu unique et le Sauveur, Pierre Emmanuel Dauzat montre que le thème de la substitution de Judas à Jésus, que l’on trouve dans l’Islam des premiers siècles, puis dans la littérature yiddish ou sous la plume de Gore Vidal et surtout de Romain Gary, est exemplaire. Plus que substitution, il finit par y avoir confusion d’identité. Et la trop fameuse "question juive" du christianisme devient alors la "question chrétienne" de la modernité.
Traducteur éminent, notamment de l’œuvre de George Steiner, Pierre-Emmanuel Dauzat est philosophe, spécialiste de patristique. Son travail s’appuie essentiellement sur la littérature des pères de l’Eglise, ses conséquences théologiques et ses résonances dans la littérature et la philosophie.
A 18h45 à l’Hôtel du Département
Ouvrages :
Judas : Des Evangiles à l’Holocauste à paraître en mars 2006 aux éditions Bayard