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ITER ou comment maîtriser l’énergie des étoile, Jean Jacquinot

jeudi 24 février 2005
 

La satisfaction des besoins grandissants en énergie dans le respect de l’environnement constitue un enjeu majeur pour le 21e siècle. De nouvelles sources d’énergie sont requises. Force est de constater que les propositions capables de répondre de manière réaliste à ce défi sont peu nombreuses

Depuis les expériences de l’équipe de Rutherford en 1930, on sait réaliser la fusion des atomes légers et on a vite réalisé le potentiel énergétique pratiquement inépuisable qu’offrirait pour l’humanité l’exploitation de la fusion du deutérium et du lithium (via le tritium). Mais sa réalisation avec un bilan énergétique favorable exige que le gaz réactif (D, T) soit porté à haute température (100 millions de degrés) et que sa chaleur soit suffisamment bien confinée pour que la production d’énergie compense les pertes vers les parois. Il a fallu d’abord établir la physique du nouvel état de la matière, le plasma, que prennent les gaz à haute température et étudier son confinement dans des pièges magnétiques. Le transport turbulent de la chaleur au travers des lignes de champ magnétique a ruiné beaucoup d’espoirs initiaux et fasciné une génération de physiciens mais, quarante ans plus tard, l’expérience européenne JET a su faire 16 MW de fusion avec un bilan neutre et Tore Supra à Cadarache fonctionne de façon parfaitement stable pendant des temps très longs avec des bobines supraconductrices.

Avec ITER, on aborde la dernière étape de la fondation scientifique de la méthode. La machine est dimensionnée pour fournir 500 MW et 10 fois plus de puissance qu’il n’a fallu en injecter pour atteindre la température de réaction. Pour les scientifiques, le plasma sera pour la première fois en combustion : les particules alpha produites par la fusion seront la source dominante de puissance pour maintenir la température du milieu. La physique s’annonce passionnante. Pour les partenaires internationaux, ITER sera une grande collaboration mondiale, approche cohérente et globale à un défi planétaire. Pour le région PACA et l’Europe, ITER sera une pièce maîtresse structurant le développement d’un nouveau pôle technologique mondial appelé à un grand avenir.

Jean Jacquinot, Conseiller Scientifique, ancien directeur du JET (Joint European Torus, Euratom, en Grande-Bretagne) et ancien Directeur de Département de Recherche sur la Fusion Contrôlée, CEA, Cadarache

Autre conférence de Jean Jacquinot :
-  le 15 février 2011 : ITER, un investissement international pour des résultats en 2030 ?