Culture scientifique en Provence

Echange et diffusion des savoirs présente sa quatorzième saison de conférences à l’Hôtel du département des Bouches-du-Rhône : onze rencontres du 25 octobre au 16 mai autour du thème Rêves et cauchemars de la mondialisation. Historiens, philosophes, géographe, économiste, juriste, les intervenants sollicités ouvriront une réflexion plurielle sur la mondialisation, ses fondements, ses enjeux actuels et futurs. La possibilité pour le public de découvrir sous un jour peut-être nouveau ce phénomène, qui, souvent confiné au seul point de vue économique, fait l’objet de débats aussi controversés que passionnés.

On le constate, rejetée par certains, louée par d’autres, encensée ou vouée aux gémonies, la mondialisation est l’objet de débats toujours passionnés. Passionnés et surabondants, au point qu’il devient parfois difficile de faire la part entre ce qui tient du discours ou de la réalité. Mondialisation : rêve ou cauchemar ? Au fond de quelle mondialisation parle-t-on ? Ce processus est-il exclusivement économique ? Quelles en sont les origines historiques ? Dans quelle mesure en sommes-­nous les acteurs ? Comment rendre pensable la mondialisation en marche pour agir sur ses avenirs ? Ces onze rencontres sont l’occasion d’explorer des pistes de réflexion sans doute inédites pour beaucoup, permettant d’éclairer d’un jour nouveau les enjeux actuels et futurs de la mondialisation.

Depuis bientôt treize ans, le public de Marseille et de sa région adhère avec enthousiasme à ce projet d’éducation populaire qui vise l’excellence pour tous. Près de 48 000 personnes ont participé à ces cycles de conférences thématiques de haut niveau proposés chaque saison par l’association Echange et diffusion des savoirs.

Ceci se dit en latin Mundus patet. C’était une solennité qui se faisait à Rome dans une chapelle ronde comme le monde, dédiée aux dieux infernaux. On ne l’ouvrait que trois fois l’an et le peuple romain croyait que l’enfer était ouvert ces jours-là. Est-ce à dire qu’avec l’ouverture accélérée du monde nous croyons aussi que l’enfer s’est ouvert ? Certes non, mais...

Patrick Boucheron écrit que « l’ambiguïté fondamentale de la mondialisation est qu’elle désigne à la fois un processus et un discours ». Et c’est bien de discours qu’on nous a abreuvés, sinon inondés, surtout ces dernières années où beaucoup a été de mal en pis pour beaucoup, sur toute la face du monde. Tous ces mots pour expliquer ou pour masquer ce processus ? C’est pour tenter, aussi peu que ce soit, de lever les doutes dans lesquels nous ont laissés ces mots-là qu’il nous a paru utile d’évoquer ce thème.

Rêves et cauchemars... Car nous ressentons bien ces deux pôles dans ce processus indécis de la mondialisation. Pôles qui ne sont d’ailleurs pas seulement distribués dans le monde économique auquel on la réduit souvent. Non, elle concerne l’ensemble des perceptions théoriques du monde et des voies et moyens d’y agir. La géographie au premier chef, bien sûr, la politique, comme « science » et comme action, singulièrement action « humanitaire », la philosophie, le droit interna- tional, et l’histoire, centrale pour comprendre ce processus historique qu’est la mondialisation. L’histoire dont Patrick Boucheron encore dit « qu’elle ne vaut que si elle dit quelque chose de nos vies ».

Spyros THEODOROU